La personne et le
personnage
Il y a deux facettes de soi chez la plupart des êtres humains : la
personne véritable, l’Être profond, et le personnage dont un synonyme pourrait
être : le paraître. Nous pourrions dire que nous connaissons relativement
bien le deuxième mais que nous avons peu ou pas conscience du premier. Au début
de son périple d’incarnation, la personne sait dans la profondeur de son être,
qu’elle est une goutte d’eau unique et parfaite qui baigne dans un océan
d’amour infini. Cependant, elle déchante rapidement quand elle se trouve
confrontée à la réalité terrestre, relativement dépourvue de cet amour infini.
Dans ses premières années de vie, elle créera un personnage qui aura
pour mission de quêter des bribes d’amour pour se nourrir car elle se rendra
compte assez vite qu’elle doit louvoyer intelligemment pour survivre. Elle
adoptera différentes stratégies dans différentes situations et avec différentes
personnes pour se sentir aimée. Ces stratégies qu’on pourrait qualifier de
mécanismes de survie, deviennent rapidement des mécanismes de défense, des
espèces d’armures protectrices pour éviter d’être blessée et espérer en même
temps, recevoir des miettes d’amour. Ce personnage est véritablement utile à
cette époque, car un enfant est tellement fragile, une véritable éponge émotive
qu’un rien peut bouleverser. Précisons ici qu’il n’est aucunement question de
rejeter quelque faute que ce soit sur qui que ce soit et surtout pas sur nos
parents qui ont fait ce qu’ils ont pu, avec ce qu’ils étaient. Il nous faut
accepter qu’ils avaient eux aussi dans leur enfance, mis en place un personnage
dédié à leur survie et qu’ils ont, comme la plupart des gens, oubliés d’enlever
cette armure à un moment donné dans leur vie.
Avec votre petit bonhomme de trois ans, vous faites des courses de
dernières minutes, au centre commercial, la veille de Noël. Il y a un monde
fou, c’est la cohue, vous êtes stressé et tout d’un coup, vous échappez la main
de votre enfant qui marchait à vos côtés. L’évènement ne dure que quelques
secondes, mais vécu comme une éternité pour le petit bonhomme qui panique et se
sent perdu dans une forêt de jambes. Vous le retrouvez presque immédiatement.
Il a peur, il pleure. De deux choses l’une, vous le consolez en le prenant dans
vos bras tout en validant son émotion, vous vous excusez de l’avoir échappé et
vous lui promettez que ça n’arrivera plus. A ce moment, l’enfant sèche ses
larmes, passe presqu’instantanément à autre chose et l’événement n’aura pas de
conséquences fâcheuses. Dans l’autre scénario, vous lui faites des remontrances
en lui disant de ne plus vous lâcher la main, vous banalisez son émotion: - Arrête de pleurer, tu n’es plus un bébé ! À ce moment, un sentiment d’abandon peut s’installer et perdurer une bonne
partie de sa vie.
Vous trouvez que j’exagère ?
Sophie me consulte à 17 ans parce
qu’elle est mal dans sa peau. Au cours de l’entrevue, je lui raconte ce scénario
inventé de toutes pièces et que je raconte souvent à mes clients pour illustrer
la fragilité d’un enfant. Elle me regarde ébahie en me disant que c’est
exactement ce qui lui est arrivé à l’âge de trois ans. Son réflexe de peur
avait été à ce moment, d’agripper la première jambe à sa portée. En levant la
tête, elle a constaté que c’était la jambe d’un monsieur inconnu et elle a eu
honte ! Vous conviendrez avec moi que la honte n’est pas un sentiment
habituel chez une enfant de trois ans. Deux ans plus tard, jouant avec d’autres
enfants, elle bouscule malencontreusement une fillette plus jeune qui se fait
mal en tombant. Les adultes présents lui font des remontrances et ce sentiment
de honte refait surface. À partir de ce moment, Sophie a mis en place son
personnage et développé toutes les stratégies possibles pour ne plus être
confrontée à cette honte dévalorisante. Elle a fait en sorte que son personnage
réponde à toutes les demandes de l’environnement pour qu’il n’ait plus jamais
rien à lui reprocher, quitte pour cela à renier ses propres besoins et
aspirations. Aujourd’hui, à 17 ans, elle ne veut plus jouer ce rôle et consulte
pour ce défaire de ce sentiment qui pourrit littéralement sa vie.
Je le répète, ces mécanismes de survie ont été essentiels à une époque
donnée. Le problème est qu’en grandissant, en acquérant une expérience de vie
qui nous fortifie, nous oublions d’enlever ces armures qui nous alourdissent et
ces masques qui font qu’on ne reconnait pas sa véritable personne en se
regardant dans le miroir. Le conflit intérieur ainsi engendré est responsable de
la plupart de nos mal-être et mal-a-dit car comment pouvons-nous créer notre
vie et nous réaliser, en jouant constamment un rôle qui ne nous convient
plus ? Bien sûr, en général nous ne sommes pas conscients de cette pièce
de théâtre qui se joue et dont le scénario a été écrit il y a fort longtemps.
Le mal-a-dit est là pour essayer de nous rappeler d’en changer, de retrouver la
vraie personne que nous sommes et qui va mieux correspondre à la réalité à
laquelle nous aspirons.
Je vous suggère ici, le moyen le plus performant quoique le plus
risqué, pour vous unifier : oser la transparence ! Risquer
l’authenticité ! Car il s’agit bien de prendre des risques. Risquer d’être
nous-mêmes va bousculer tout notre environnement qui se sentira insécurisé par
notre transformation. Étant donné que nous sommes attachés à notre personnage
et à notre environnement, nous devrons accepter de vivre de multiples deuils et
probablement une certaine solitude car nous n’aurons plus notre place dans la
pièce de théâtre que nous jouions jusqu’à maintenant. Tenter de devenir qui nous
sommes vraiment, c’est se rapprocher de notre essence divine, c’est développer
le courage de se détacher totalement, de se pardonner réellement et de
retrouver la satisfaction de vivre ici et maintenant, dans la joie, la paix et
l’harmonie de l’Éther.
La difficulté est de savoir qui nous sommes vraiment et les
informations que je vous partage dans mon livre vont en ce sens. Plus nous nous
introspectons, plus nous faisons confiance à notre ressenti, notre petite voix
intérieure, plus nous questionnons nos modes de réaction, plus nous
reconnaissons la personne que nous sommes, plus nous faisons preuve
d’authenticité et plus nous nous rapprochons de nous-mêmes et de cet océan
d’amour infini. Les voies de guérison sont multiples et je me permettrai ici de
vous suggérer fortement le livre de Colette Portelance, Relation d’aide et amour de soi, qui vous éclairera sur les
mécanismes de défense, les patterns et autres masques que la plupart d’entre
nous portons, tout en vous faisant découvrir certains aspects de votre personne
qui contribueront à vous réconcilier avec vous-mêmes.
Extrait du livre Guérir sa vie avec la Polarité, Éd. de L'Apothéose
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